Le monde moderne a de gros problèmes, la lecture régresse chez la plupart au profit de l’écran. Mais la lecture évolue dans certains milieux où l’on est en avance sur le plan du développement personnel. On sait que les écrans sont nocifs pour la santé et la créativité.
Apprendre à lire à mon enfant passe par… moins d’écrans
Cependant, comment faire lire mon enfant alors que tant de choses le tentent par ailleurs ?
Apprendre à lire aux enfants est un grand plaisir facilement accessible
La plupart des enfants ne commencent pas à lire vraiment avant 5-6 ans. Nous vous proposons quelques trucs.
Ne mettez pas tous ces trucs en œuvre en même temps et soyez patient, ne vous attendez pas à ce que votre enfant fasse les choses vite.
1. Faites la lecture à votre enfant
Apprendre à lire à votre enfant peut commencer dès la petite enfance, aussi curieux que cela puisse paraître.
Il ne s’agit pas de faire des enfants précoces et de « forcer » le cerveau de l’enfant. Mais vous pouvez très bien lire des textes que le petit enfant ne comprendra que très peu, juste pour le plaisir d’entendre votre voix que vous modulerez en fonction du texte, marquant la surprise, la douceur, la force, le conseil que manifestent les personnages ou les situations.
Car il y a beaucoup de trésors qui passent dans les vibrations de la voix de la maman et du papa.
Jouez personnages, animez-les avec beaucoup de vie, n’ayez pas peur du ridicule, personne ne vous épie.
Vous pouvez lire à votre nouveau-né. Très en douceur. Ce « rituel » vous rapprochera. Il va aussi développer chez votre enfant un goût.
Mais vous pouvez aussi lire pour l’enfant qui est dans votre ventre. Le fœtus a besoin d’entendre votre voix reposée, heureuse, elle produit des vibrations qu’il ressent. Le papa peut lire pour le bébé à naître. Pas forcément des histoires pour petits enfants, car le sens n’importe pas, il peut s’agir d’un roman pour vous deux, adultes un peu plus exigeants.
Evitez tout de même les journaux et tout ce qui va produire un sentiment négatif chez vous, ressenti par la maman : anxiété, mauvaise surprise, nouvelles maussades
2. Posez des questions
Poser des questions est très bon, non seulement pour permettre à l’enfant de s’impliquer dans l’histoire et donc de la comprendre, mais aussi pour développer chez l’enfant plusieurs dimensions extraordinairement importantes dans sa vie future. Car il ne s’agit pas seulement pour nous de gaver notre enfant de savoir.
Si votre enfant est tout petit
Si votre enfant est tout petit, vous pouvez lui poser des questions simples, demandant à l’enfant de recourir à ses qualités d’observation : « De quelle couleur est le chapeau ? », « Où se trouve la maison ? », « Montre-moi le chien » et vous pouvez, ce faisant, pointer le doigt en direction de l’objet. Ensuite, vous poserez des questions progressivement plus difficiles, sans montrer. Vous lui demanderez quel cri fait tel animal. A un grand, vous pouvez poser des questions sur le sens profond: « Pourquoi le personnage a-t-il fait ça ? », « Qu’est-ce qui se serait passé s’il ne l’avait pas fait ? », « A ton avis, pourquoi l’auteur a écrit cette histoire ? »
L’enfant grandissant, les questions pourront ensuite être posées après la lecture. « Qu’est-ce qui s’est passé pour Tom dans l’histoire ? » Ensuite, ce sera après et avant : « A ton avis, que va-t-il se passer ce soir dans l’histoire ? » Ensuite, vous favoriserez son sens de l’anticipation en demandant: « A ton avis, que pourrait faire le capitaine Fracasse, maintenant ? » Voilà qui va aider son imagination.
Vous pourrez ensuite, plus tard, lui demander ce qu’il pense de telle situation, de telle attitude. Quelles conséquences aura telle décision d’un personnage, par exemple.
Chacune de ces techniques à haute voix est un excellent moyen de promouvoir et d’accroître la compréhension en lecture.
3. Soyez vous-même une lectrice et un lecteur
Cela semble couler de source, mais votre enfant sera d’autant plus attiré par les livres qu’il vous verra lire. Même si votre enfant est fasciné par les livres dès leur jeune âge, sa fascination va rapidement diminuer s’il ne voit pas la lecture érigée en modèle dans sa maison. Si vous n’êtes pas un lecteur assidu vous-même, faites un effort conscient pour que vos enfants vous voient lire ! Ce peut être un magazine, un livre de cuisine ou un roman … C’est vous qui décidez !
Mais il est important de montrer à votre enfant que la lecture est quelque chose dont même les adultes ont besoin. Les garçons sont en général moins lecteurs, voilà pourquoi il serait utile que le père s’y mette ostensiblement.
On oublie souvent que les enfants apprennent par l’exemple.
4. Évitez la télévision et les ordinateurs, les écrans
Durant la projection de films ou de dessins animés, le cerveau de votre enfant est au repos. Or, rappelez-vous une chose capitale: les fonctions dont on ne se sert pas disparaissent ! Plus votre enfant réfléchira, plus il développera des connexions neuronales et plus il développera de connexions neuronales, mieux il se portera car il y a un lien direct entre la santé du cerveau et celle du corps.
Plus il regarde la télévision, moins son cerveau trouve le bon sommeil et donc les plages de repos réparateur. C’est simple: regarder la télé diminue l’espérance de vie.
5. Soyez progressive (progressif)
N’anticipez pas trop. Il importe plus que l’enfant sache prononcer les sons plutôt que de savoir que la lettre est L ou P. La quantité de savoir importe peu, plus les bases seront bonnes, plus la capacité à apprendre sera importante.
Permettez-lui de reconnaître les lettres qu’il connaît dans des observations quotidiennes: il vous dira fréquemment, dans un magasin: « C’est un P ». S’il a raison, félicitez-le avec plaisir. Il se trompera peut-être, ne lui dites pas « non » mais plutôt « tu es sûr ? regarde bien, c’est vrai que ça lui ressemble » ou « En fait c’est un R, tu ne la connais pas cette lettre mais si tu veux, ce soir, je te la montrerai. C’est une lettre qui permet de faire rrrrr ».
Et si vous êtes avec un ado qui vous exprime le sens du beau et du vrai, n’allez pas le casser en deux en disant: « Oui mais attention, la vérité conduit souvent à l’arrogance », mettez des jalons, reconnaissez la justesse du propos puis proposez un prolongement. Ne considérez pas qu’il sait et comprend tout ce que vous avez mis des années à vivre et comprendre.
La progressivité permet de ne pas décourager, de ne pas aller trop vite, l’excès de vitesse étant source de frustration et de stagnation pour l’enfant ou l’adolescent.
6. Différencier les types de textes aide à apprendre à lire
A partir de 5 ans environ, l’enfant peut distinguer le réel de l’imaginaire. C’est alors le moment de commencer à présenter les livres dans leur type particulier: « Ce soir, nous allons lire une histoire vraie, une histoire qui s’est vraiment passée à une petite fille qui vivait… » et vous expliquez divers éléments objectifs qui fixent la réalité. « Ce soir, je te propose un conte, c’est une histoire inventée qui a lieu dans un pays qui n’existe pas, mais on va dire qu’il existe, on fait semblant, d’accord ? Alors, je commence. »
Vous pouvez présenter des genres différents. Vous commencerez par les histoires vraies et les histoires inventées. Puis, les livres de savoirs (les documents, tels les livres sur les animaux, l’abécédaire), et ainsi de suite. Les histoires historiques, et pourquoi pas les modes d’emploi, les mémoires, les tracts, les opuscules…
7. Inventez vous-même des histoires
Si vous en êtes capable, annoncer un jour que vous allez inventer une histoire est fascinant pour l’enfant. Sa maman ou son papa qui invente lui-même une histoire ? Rendez-vous compte de l’effet que ça peut produire dans son esprit ! C’est un émerveillement, vous êtes donc capable de faire aussi bien qu’un livre ! Dans son esprit, cela rapproche la narration de lui, ça rend possible la création littéraire. Si sa maman ou son papa peut le faire, un jour il le pourra lui-même.
8. Les familles de mots
Vous pouvez faire remarquer à votre enfant qu’il y a des mots qui riment. Il y en a qui sont des interjections « Oh ! Ah ! » Il y en a qui montrent l’action, ce sont les verbes. Vous repérez les prénoms. Il y a aussi les familles de racines ou de préfixes : parebrise, paravent, parechoc, parafoudre. Passer, repasser, dépasser, surpasser… Et ainsi de suite.
De cette manière, l’enfant va comprendre que la lecture est un jeu de construction, on peut l’assembler, ce n’est pas inaccessible. A condition toutefois que vous y alliez très progressivement, sinon c’est le contraire qui va se produire: un excès va le décourager, et il va vous exprimer d’une manière ou d’une autre qu’il préfère l’histoire à l’analyse ennuyeuse des mots. Donc, à utiliser à dose homéopathique, nous dirions quand l’enfant commence à le faire remarquer, à poser des questions: « ces deux mots-là, ils finissent pareils » « oui, tu as raison, on dit qu’ils riment. La personne qui a écrit le livre l’a fait exprès, parce que ces deux mots-là vont bien ensemble, ça rend le texte plus joli. » Et vous poursuivez la lecture.
9. Décodage
Vous partirez du prénom de votre enfant. Vous le lui écrirez et vous lui demanderez de reproduire.
De là, vous repérerez, s’il ne le fait pas lui-même, les lettres de son prénom dans les autres mots.
Vous pourrez ainsi commencer progressivement à décoder les mots en faisant remarquer la présence de lettres et leur assemblage. Il est probable que c’est votre enfant qui vous le fera remarquer le premier !
Limitez le décodage à ce qu’il sait déjà, c’est en fait un exercice de pratique de choses connues, et non une exploration. N’explorez de nouvelles lettres qu’à la demande de votre enfant. Il vous demandera quelle lettre est celle-ci qui l’intrigue, vous lui répondez et c’est tout. Cela l’incitera à vous demander quelle est cette autre lettre qu’il ne connaît pas.
10. Apprentissage exploratoire des lettres
Les étapes précédentes étant franchies, vous pourrez très simplement apprendre à reconnaître de nouvelles lettres, ces lettres résiduelles dans un mot que votre enfant lit presque entièrement ou dont il lit les parties les plus importantes. Ce sera là une exploration, allez-y donc très lentement, pas plus d’une lettre par jour.
En bonus, deux autres points:
11. 4 ans ? 5 ans ? 6 ans ?
A 4 ans on ne sait pas encore lire le plus souvent, on commence à apprendre. Montrez-lui un peu tous les jours, 10mn, il aura envie d’en savoir davantage. C’est ainsi que nous faisons. L’enfant n’a pas forcément envie spontanément mais il aime cette séance quotidienne qui le prépare à un cours, plus tard. Le vrai cours commencera à 5-6 ans. Mais n’allez pas plus loin que le moment où l’enfant veut s’arrêter, plutôt même juste avant.
12. La pratique quotidienne est meilleure que la grosse séance une fois tous les 3 jours.
Voilà, tout ceci n’est pas figé et peut bien sûr être complété à votre guise car vous avez certainement, vous aussi, vos trucs pour enseigner la lecture ou apprendre à votre enfant à l’aimer.